Dans la tente

Dans la tente, un petit réchaud à gaz chauffe de l'eau dans une casserole, où cuisent apparemment des nouilles. Quelques lampes à huile offrent de l'éclairage supplémentaire. On peut voir trois lits de camp tout au fond, mais le marchand s'assied à proximité de la casserole sur une chaise (il y en a plusieurs). Il a même une table de camping, où est posée une bouteille d'alcool brun, sans doute un whisky d'alambic. Tout autour de la tente, des boîtes en fer blanc sont entassées.

Il laisse tomber sa cendre de clope par terre et attrape derrière lui un verre dans une des boîtes en fer. Après l'avoir rempli de whisky, il se relâche, les pieds sous la table, les mains sur le bide, et en sirotant sa pisse du bout des lèvres :

Tu sais, d'après ton look j'aurais pas dit que tu traînais avec des saloperies de dégénérés...

Mais bon, business is business.... Alors... quel genre de business tu veux faire ?..

Vlad rentre dan la tente et avisant une chaise, s'installe dessus avec un timide "bonjour" adressé au marchand.

Vautré sur sa chaise il laisse Santiago engager la conversation.

C'est sympa chez toi, bien décoré, tout ça...Tu permet ? J'ai la gorge un peu sèche.

Sans vraiment attendre de réponse, santiago se saisit de la bouteille et commence à tranquillement la descendre au goulot, le cul posé sur une chaise.

Aaah ! C'est foutrement bon. *grimace* Tu m'causais d'anti-rad tout à l'heure, pour sur que ça m'intéresse. Mais, je suis pas dans l'genre richard, sinon t'imagine bien que j'trainerais pas avec ses ploucs. *clin d'oeil complice* Mais j'ai bien quelque chose à te proposer, quelque chose qui manque cruellement dans ce camps. J'me disais, peut-être bien que tes potos s'raient moins nerveux si ils se vidait les couilles, nan ? J'ai une catin qui m'attend sagement pas loin, une poule de luxe hein ! A faire bander un junkie mort ! J'pourrais la ramener ici, l'installer dans une tente et toi tu m'filerait un de tes cachetons pour chaque gus qui lui passe dessus. Avec un ptit supplément pour ceux qui veulent faire dans le crado bizarre. Ça m'semble réglo comme deal, non ?
Mais, ton verre est vide ! Laisse moi t'resservir une lampée de c'te gnôle.

Il attrape le verre de son interlocuteur et commence à le servir, tout en désignant les piles de boites métalliques autour.

Mais dis moi, c'est quoi toute ces canettes, là ? de la bouffe ?

Au moment où, réflexe naturel, le marchand tourne la tête vers la direction indiqués, Santiago en profite pour jeter dans le breuvage une dose d'amphétamine. Puis il remue le récipient discrètement, parlant de tout et de rien, histoire que la poudre magique ai le temps de se dissoudre.

Tiens bois donc, à notre future accord !

Le marchand fronce les sourcils à la manière dont Santiago s'envoie de grosses lampées. Quand enfin le loubard de la Fosse repose le verre et la bouteille, le marchand se penche pour attraper un second verre, qu'il pose devant Santiago et un troisième, qu'il pose devant une chaise vide avec un geste d'invitation pour Vladislas.

Tu aimes ? Ce Whisky a cent-vingt ans, j'espère que tu sais l'apprécier...

Effectivement, la bague et l'étiquette sont encore là : on peut lire "Chivas Regal". La bouteille est à moitié pleine (ou vide, à vous de voir).

Je te la laisse contre trois de tes paquets de clopes, ça sera déjà pas mal pour commencer. Tiens, tant qu'on y est, appelle-moi Flaherty.

En ce qui concerne ta greluche, là, si tu me l'amènes, on pourra discuter. J'espère qu'elle est pas trop camée, quand-même, sinon ça vaut pas la peine... On fait la navette entre Reno et la Fosse, alors les bordels pleins de tox, on connaît, t'inquiète, mais si elle est fraîche on pourra s'arranger.

Je serais plus intéressé par des armes ou des marchandises précieuses. Le fusil de ton super copain, là, je pourrais vous en donner trois quatre mille capsules... c'est pas mal.

Le fusil d'hedgar ? J'doute que cette tête mule de goule dégénérée soient d'accord pour le lâcher. C'est qu'il y tient à sa pétoire, tu vois, vu qu'sa bite a du tomber y'a bien une cinquantaine d'année, c'est un peu sa façon d'compenser. Un genre d'supsituant phallique...ou quelque chose comme ça.
4000 caps tu dis !!! Sur qu'ça vaut au moins le double !

Trois paquet de cigarettes aterissent sur la table.

C'que j'vais faire c'est que j'vais aller t'chercher la petite, histoire qu'tu juge de la qualité par toi-même et en chemin j'causerais à la goule, voir c'qu'on peut faire pour toi. En attendant j'te prend déjà la boutanche.

Il se lève pour partir, la bouteille à la main.

Bois donc ton verre tranquillement en tapant la discute avec mon collègue. J'suis sur qu'vous allez vous entendre. Héhé !

Flaherty regarde Vlad placidement, avec un air un peu désolé. Il attrape un des paquets et l'ouvre en regardant l'espèce de moine blême qui se trouve devant lui. Finalement, il attrape une lampe à huile et allume sa clope avec. Avant que Santiago quitte la tente, il lui lance :

Bon, et c'est quoi vos noms ?

Pendant ce temps il ouvre distraitement une caisse en fer à ses pieds et en sort une bouteille de tord-boyaux lambda, dont il remplit les deux verres.

Mon p'tit nom c'est...*flottement d'hésitation*...c'est Kenneth ! Ouais, Kenneth Mckenzie. Héhé !

Règle numéro 12 du commerce illicite : ne jamais donner son vrai nom à quelqu'un que l'on compte entuber.
Santiago sort de la tente en méditant ce principe.

(direction la caravane )

Le marchand fait un petit sourire en coin quand Santiago part. Il regarde son verre, puis Vladislas, et tire sur sa clope.

Alors, d'après ton copain vous êtes pauvres... mais tu as quelque chose à troquer ?

Santiago sort de la tente sans que Vlad s'en aperçoive. Trop occupé à détailler les outils présents dans la pièce, il ne fait même pas gaffe à l'entourloupe du mythoman.

"Alors, d'après ton copain vous êtes pauvres... mais tu as quelque chose à troquer ?"

Le silence qui avait présidé la question décupla la puissance du ton du marchand.
Vlad sursauta et comme un gamin pris en train de chaparder des bonbons, il gesticule sur sa chaise mal à l'aise.

"Je... Oui... Enfin non..." Son palpitant bat la chamade, impossible de faire une phrase sans bégayer.

"On est p..p...pas des marchands, on voulait juste aller jusqu'... jusqu'à la prochaine ville. On s'balade quoi."

A force de parler, l'aisance revient peu à peu.

"C'est vrai qu'on a pas des masses de choses à troquer niveau matos mais on a d'aut' trucs à proposer. Santiago parlait d'une gonzesse à troncher mais il a oublié le principal.
Y'en a pas une mais deux. C'est juste qu'il est amoureux de l'autre alors il veut pas la partager.
On fait pas dans l'esclave mais juste qu'on aime bien qu'les pécors nous payent leur dettes.

En plus de la première fille, j'peux vous proposer la soeur aussi. Leur oncle aussi nous doit pas mal.
Avec Fatou... Avec Fat Joe, on les trimballe le temps qu'nos caps soient remboursées."

Ce n'était plus de l'aisance mais carrément de l'effronterie. Tel un acteur sur scène qui passe le stade du tract, Vlad s'en donnait à coeur joie, sans penser aux répercutions que cela pouvait avoir.

"Donc bref, si t'as du matos intéressant à r'fourguer, j'ai d'quoi t'satisfaire. Disons, 2500 caps pour la nuit avec les deux nanas. Le tonton c'est cadeau si t'as des détraqués."

"Au fait, moi c'est Vladislas Lyuchenko, Appelle-moi Vlad. J'm'occupe des transactions d'ces bourrins qui savent que faire parler les armes. M'enfin, il en faut, sinon, on s'en sort pas.
N'est-ce pas... ? Entre négociants, on se comprend"

Le marchand tire sur sa cigarette avec un air de plus intéressé. Quand Vladislas lui laisse enfin la parole, il attrape son verre et en vide la moitié d'une gorgée. Avec un grand sourire luisant de gnôle, il se penche sur la table vers Vladislas :

De mieux en mieux... tu sais que je commerce avec les esclavagistes ? Ca pourrait les intéresser ces petites poulettes... Qu'est-ce que tu dirais, si, par exemple, je payais la dette de tes copains et que tu les libères en échange ? Enfin, les libérer... Disons que ce serait un transfert de dettes...

Alors, raconte-moi, combien ils te doivent ces fils de pute ?

Flaherty regarde Vlad avec un air rieur. Le marchand vide son verre et avant de s'en resservir un d'essence de patate, ou allez savoir quelle merde il y a dans cette bouteille...

Ecoute, Vladislas, je crois qu'on va pouvoir avoir un bon deal, toi et moi... Ca me plaît bien, tout ça...

Tiens, pourquoi t'irais pas chercher tes esclaves pendant que je regarde ce que je pourrais te proposer en échange...

Allez, ramène-les, j'aime pas trop parler prix sans voir l'état de la marchandise... Amène les tous les trois, qu'on puisse discuter, mais surtout le mec, là, ce Kenneth... Les esclaves mecs se vendent plus chers.